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Aide aux sans-abris : Yellowknife doit dépenser à la course

Beaucoup d’argent, mais trop peu de temps pour la dépenser: les délais associés à des fonds d’urgence octroyés par Ottawa pour aider les personnes sans-abris seraient trop courts, selon la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty.


Thomas Ethier - IJL - Territoires


Le conseil municipal de Yellowknife a approuvé le 22 février les recommandations d’un comité pour financer neuf projets d’aide aux sans-abris avec une portion d’un fonds d’urgence d’environ 1,7 million $, octroyé en janvier par Ottawa. Ce montant est voué à fournir une aide temporaire aux personnes sans-abris affectées par la COVID-19.

Or, ce fonds vient avec des conditions: l’argent doit être dépensé d’ici le 30 juin, pour des projets qui doivent être planifiés avant le 31 mars. Nous en avons discuté avec la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty.



Q – Certains élus municipaux déplorent que ces délais leur imposent certaines concessions pour la distribution de ces fonds du gouvernement fédéral. Dans quelle mesure pouvez-vous dépenser cet argent comme bon vous semble?


La difficulté, c’est que nous n’avions qu’un mois pour détailler au gouvernement fédéral la façon dont nous comptions utiliser ces fonds, et seulement 3 mois pour tout dépenser. C’est beaucoup d’argent, certes, mais le problème, c’est qu’il n’y en aura plus à partir du 1er juillet. Si nous voulions utiliser une partie du fonds pour aider les résidents à payer leur loyer, par exemple, ce ne sera plus possible le 1er juillet. Est-ce que ces gens se ramasseront à la rue?


On devait donc trouver des projets avec une échéance stricte pour dépenser l’argent, après quoi, le projet est terminé. J’aurais aimé pouvoir appuyer des projets à plus long terme pour pallier les problèmes de logement.



Q – En tant que mairesse d’une municipalité qui dépend en grande partie de l’argent du fédéral pour mettre ce type de projets en branle, sentez-vous qu’Ottawa comprend bien vos besoins? Est-ce qu’on est à l’écoute quand vient le temps d’offrir ce genre de fonds d’urgence?


C’est difficile. Quand on explique qu’il y a un problème et que l’argent serait mieux dépensé de telle manière, on nous répond qu’il n’y a pas de problème, que le fond est flexible et que nous pouvons l’utiliser comme bon nous semble. Pourtant, quand on essaie de l’utiliser comme bon nous semble, on nous dit « Non, vous ne pouvez pas faire ça ».

Je crois que l’élaboration de ces programmes devrait inclure beaucoup plus de conversations, ainsi que des évaluations en cours de route et à la fin de la période de financement.



Q – Ce n’est pas la première année que le gouvernement fédéral alloue des fonds à Yellowknife. La relation évolue-t-elle? Est-ce qu’on apprend de ces expériences à Ottawa?


Dans le contexte de la COVID-19, je comprends qu’on souhaitait que l’argent soit dépensé rapidement. Or, le problème en dépensant rapidement, c’est qu’on ne peut pas nécessairement financer les meilleurs projets. On optera donc souvent pour les projets les plus faciles à réaliser, plutôt que de prendre quelques mois de plus afin de trouver le meilleur projet, qui représentent une solution à plus long terme.


Yellowknife n’est pas unique dans cette situation. On a constaté les mêmes problèmes dans une grande municipalité comme Vancouver. Si un programme ne fonctionne pas pour Vancouver ni pour Yellowknife, c’est qu’il y a un problème.



Q – Vous dites qu’un délais d’un mois est trop court pour devoir planifier les projets. Les enjeux de logements existent pourtant depuis longtemps à Yellowknife. Comment se fait-il qu’en apprenant la disponibilité de ces fonds, vous ne soyez pas prêts à aller de l’avant?

Il est rare d’obtenir un million de dollars à dépenser en quelques mois. Les municipalités comme Yellowknife, tout comme les ONG qui s’y trouvent, sont relativement petites. Nous n’avons pas suffisamment d’employés pour être en mesure de préparer des projets et les conserver dans un classeur en attendant qu’un fonds apparaisse.


Nous avons été confrontés aux mêmes enjeux avec un récent programme fédéral pour la création rapide de logements. Nous n’avions que deux mois pour faire une demande, pour un projet qui aurait été de très grande ampleur. Nous avons finalement trouvé de plus petits projets. C’est magnifique lorsqu’un gros montant est disponible, mais, malheureusement, nous n’avons pas suffisamment de temps, avec nos ressources limitées, pour développer ces projets dans les temps prescrits.



Q – Pour ce qui est du fonds d’urgence récemment octroyé, vous ne parlez tout de même pas d’argent lancé par les fenêtres. Qu’est-ce que ce montant vous permettra-t-il d’accomplir?


Il y a beaucoup de bons projets qui ont été retenus et approuvés cette semaine par le conseil municipal. Ce sont plusieurs petits projets, plutôt qu’un plus grand projet à long terme, ce qui est une bonne chose. Certains d’entre eux seront des projets pilotes, qui pourront éventuellement être reconduits par les gouvernements territorial et fédéral.

Je pense particulièrement au programme [d’accès aux terres et au savoir ancestral] On the land, qui sera dirigé par la Première Nation des Dénés Yellowknives – avec un financement de 363 624 $ –. L’Arctic Indigenous Wellness Foundation va également poursuivre son programme pour offrir aux personnes sans abris un petit déjeuner et la chance de discuter avec un conseiller – avec un financement de 112 084 $. Nous allons également utiliser une partie de ce fond d’urgence pour financer le programme Housing first pour loger des adultes et des familles – avec un financement de 100 000 $.

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