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Au fil de l’eau : pagayer pour rester positif

Images tirées du film Au fil de l’eau.


Le documentariste Fritz Mueller accompagne deux artisans de canots traditionnels dans son film Au fil de l’eau. On peut y voir comment la pratique de leur art leur montre le chemin vers la guérison et l’apaisement.


Wayne Price, un sculpteur alaskain de la Première Nation Tlingit, construit une pirogue à partir d’un unique thuya géant. Halin, de Repentigny, artiste francophone et maitre artisan qui vit depuis des décennies au Yukon, fabrique à la main des canots d’écorce de bouleau, cousus avec des racines et scellés à la gomme d’épinette et à la graisse d’ours. Ils sont tous les deux maitres de l’art traditionnel de la construction de canots.


Le public ténois a pu voir les deux artisans dans le documentaire Au fil de l’eau, il y a quelques jours, à l’occasion du 16e Festival International du Film de Yellowknife.


À bord d’un canot d’écorce de bouleau fabriqué à la main, un pagayeur glisse sur l’eau au Yukon.


Le réalisateur Fritz Mueller a rencontré les deux artistes lors d’évènements culturels au Yukon. « C’était évident qu’ils étaient tous les deux inhabituels », raconte-t-il. Le cinéaste décide alors de les accompagner tous les deux, un par un, dans la construction de leurs canots dès sa première phase : la recherche d’un arbre dans la forêt. Il semble clair dès le début du film que Wayne et Halin ont un lien profond avec son métier.


« Wayne croit que le contact physique avec le bois et avec l’eau contribue à définir la personne que l’on est et nous relie à nos ancêtres », observe Fritz Mueller. Halin, qui se consacre à la tradition francophone de fabrication de canots d’écorce, est « encore plus romantique et nostalgique ».


Halin de Repentigny, artiste et maître artisan de canots en écorce de bouleau.


Les deux hommes ont eu 60 ans pendant le tournage du film et veulent partager leurs connaissances avec les prochaines générations. Ces arts anciens sont en danger d’extinction, estime le réalisateur. « Il y a ce risque, ils sont tous les deux les derniers constructeurs de canots », déclare-t-il. « Ils sont tous les deux inquiets d’être parmi les seuls à encore observer cette tradition. Une partie de leur motivation pour être dans le film est qu’ils veulent vraiment que les gens le regardent et comprennent à quel point cette tradition, ce métier et ce savoir-faire sont en danger ».


Halin « a appris à partir de livres, le réalisateur. Personne à Dawson ne fabriquait ce genre de canot, [il a dû apprendre] à partir d’images et de livres », raconte Fritz Mueller. Wayne Price a aussi appris par lui-même. « Il est allé voir des pirogues dans les musées pour essayer de comprendre ».


Halin de Repentigny, maître artisan de canots en écorce de bouleau, avec Jake Armstrong.


Wayne et Halin cherchent des apprentis. « Ils savent bien qu’ils vieillissent et que, si personne ne prend la relève, ces traditions risquent de se perdre », explique le cinéaste. Pendant le film on peut voir que Wayne trouve Violet Gatensby, artiste de la Première Nation de Carcross/Tagish, une jeune apprentie qui semble bien motivée pour apprendre l’art de construction de pirogue.


C’est elle qui, à un moment donné, aborde une question fondamentale : le potentiel d’apaisement qui existe non seulement dans la fabrication de la pirogue, mais dans l’acte de pagayer. « Elle l’appelle le canot de guérison », note Fritz Mueller. Wayne, à son tour, rapporte que « lorsqu’on pagaie toute la journée, notre cerveau est plein de ce rythme, et [qu’] on a plus le temps d’être en colère. Alors, quand on s’arrête, notre cerveau n’est plus pareil : on a été changé ».


Le réalisateur a aussi souligné cette idée dans un communiqué de presse de l’Office national du film du Canada : « La cadence à laquelle on pagaie a aussi quelque chose d’apaisant. Wayne dit qu’il n’y a plus de place pour la colère, quand on fait du canot, et que le fait de pagayer éloigne vraiment les pensées négatives. Quand on reste un long moment dans un espace positif, on crée de nouveaux modes de pensée qui, peu à peu, nous transforment. Je suis convaincu que ça fait partie du processus de guérison. »



Wayne Price, maître sculpteur de la Nation tlingit, avec Violet Gatensby, artiste de la Première Nation de Carcross/Tagish.


Fritz Mueller est un photographe primé, membre de la Société géographique royale du Canada. Il vit depuis trente ans dans le Nord canadien. Son documentaire précédent, Aurora Love, qui porte sur des visiteurs japonais en quête d’une aurore boréale à Yellowknife, a été projeté au Snowking Festival en 2020. En 2017, il a réalisé Journeys to Adäka, un film sur sept artistes autochtones du Yukon.


Au fil de l’eau est une coproduction de Sagafish Media et de l’Office national du film du Canada.

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