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Auteur.e.s à l’honneur à Yellowknife

Du 26 au 29 mai se sont déroulés les tables rondes et les ateliers de la dix-septième édition du festival NorthWords. Plusieurs centaines de personnes ont assisté aux différents évènements, qui ont cumulé près d’une vingtaine d’heures de discussions autour de l’écriture.


Pour son retour en personne après deux années de rencontres virtuelles, à cause de « l’évènement dont on préfère ne pas dire le nom » comme le nomme humoristiquement Amber Henry, le festival NorthWords a réuni plus d’une quinzaine d’auteur.e.s de tout genre pour quatre journées de partage.


Au total, ce sont près de 450 personnes qui ont assisté et participé aux différentes tables rondes et ateliers proposés par l’équipe du festival : des difficultés à – se faire – publier dans le Nord aux spécificités de l’écriture pour enfants, en passant par la poésie ou le roman graphique, relativement peu de sujets étaient laissés à l’abandon.

La table ronde mettant à l’honneur les auteurs et éditeurs du Nord a rassemblé une vingtaine de personnes, samedi 28 mai dans l’après-midi. (Crédit photo : Lambert Baraut-Guinet)


Jalons et auteur.e.s majeur.e.s

Quelques auteur.e.s de renom ont fait le déplacement pour l’évènement et pour partager leurs expériences et leurs connaissances. Lillian Allen, poète ontarienne d’origine jamaïcaine, a à la fois tenu un atelier d’écriture et de déclamation poétique et partagé ses textes pendant des lectures et pendant le gala du festival, vendredi soir au NACC.


Ryan North, auteur de bande dessinée récompensé de multiples fois, a participé à une table ronde sur l’adaptation d’histoire en roman graphique, et a animé un atelier sur l’humour à l’écrit intitulé « un regard sérieux sur l’humour ».


Niigan Sinclair, Anichinabé installé à Winnipeg, est poète, écrivain, activiste, journaliste, enseignant et chercheur. Reconnu pour son travail sur les paroles autochtones, M. Sinclair a tenu pour NorthWords un atelier sur l’écriture et sa relation avec la politique.


Certaines de ces personnalités ont également profité de leur venue à Yellowknife pour aller à la rencontre des jeunes de l’école secondaire Sir Jon Franklin, partager leurs expériences, et, dans le cas de M. Sinclair, parler d’histoire et de réconciliation avec les futurs diplômés autochtones de l’école.

Un modèle d’édition francophone à l’honneur

La question du difficile accès à la littérature francophone aux Territoires du Nord-Ouest n’est pas nouvelle. Comme le mentionnait en janvier Jennifer Baerg Steyn, la nouvelle propriétaire de la librairie Book Cellar, « les gens veulent plus de contenu en français, pour les adultes notamment, et pas seulement pour les enfants. Mais les relations avec les maisons d’édition et les distributeurs francophones ne sont pas toujours faciles. »


Certains acteurs se mobilisent, pourtant, pour changer cet état de fait, et tenter de dynamiser la communauté littéraire francophone dans le Nord et les TNO. La maison d’édition Présence francophone, créée par Isidore Makaya, était invitée à participer à une table ronde spécifiquement sur cette question, au côté de Louise Flaherty, éditrice et cofondatrice, en 2006, de la maison Inhabit Media à Iqaluit au Nunavut, et de Megan Wood, auteure récemment autopubliée du roman fantastique Naidisbo.


La maison d’édition francophone, aujourd’hui encore basée sur un modèle de bénévolat et structurée de manière à être non lucrative, cherche à poursuivre sur sa lancée tout en conservant son originalité.


« Nous sommes débutants, admet le fondateur Isidore Makaya. Nous acquérons de l’expérience supplémentaire à chaque nouveau livre, chaque nouveau genre qui entre dans la maison. »


Un aveu qui pourrait être limitant pour certains auteurs, qui chercheraient la renommée et l’assurance d’une grande maison. Mais pour M. Makaya et l’équipe autour de lui, le problème ne semble pas en être un. « Pour se faire publier, pour commencer, il faut prouver qu’on est capable de produire quelque chose et d’être lu, explique le fondateur de Présence francophone. Ce qu’on essaie de faire, c’est dire aux auteurs que notre but est de les faire connaitre, de leur offrir “un premier baptême” pour se lancer ensuite vers d’autres maisons, s’ils veulent. »


« On permet aux auteurs de construire leur confiance », ajoute Angélique Ruzindana Umunyana, membre de l’équipe. Et d’adapter également le modèle de production et de distribution à leurs envies et besoins : « Nous publions à compte d’éditeur, mais dans des volumes limités, précise Céline Déwez, également membre de l’équipe. Les auteurs ont ensuite le choix de faire des réimpressions à compte d’auteur, s’ils veulent de plus grandes quantités. »

L’autoédition comme solution

Ce modèle d’édition traditionnel, les quatre auteures pour enfants qui se sont réunies pour une table ronde sur leurs pratiques ne l’ont pas considéré.


Tour à tour, Mme Henry a, après avoir présenté son dernier livre Northern Princess, distribué la parole à ses trois consœurs : Isis Essery, récompensée par le prix NorthWords en avril 2022, qui présentait son livre I love you more than the North is vast, Miranda Currie, auteure d’origine crie, qui partageait son expérience en tant que créatrice de contenu pour les familles et les enfants et Isabelle Caron Hébert qui présentait son livre nouvellement paru, Le plus beau des cadeaux, dont elle racontait la création à Médias ténois en janvier dernier.


Durant cette discussion, les quatre auteures, qui sont toutes éditées à compte d’auteur, ont semblé d’accord sur le fait que l’autoédition leur avait permis de garder la main sur leur contenu. Que ce soit pour garantir « une cohérence entre le texte et l’image », comme l’explique Isis Essery, ou pour garder le contrôle sur l’ensemble du processus.


Interrogées sur les sources de leurs inspirations, elles ont également unanimement partagé l’importance du quotidien, professionnel ou familial, pour y trouver des histoires. Comme elle le racontait avant le festival, Isabelle Caron Hébert a puisé dans son histoire personnelle pour son premier livre, qui parle de don de gamètes et de construction familiale. Son prochain ouvrage traitera de l’adoption, sujet qui trouve son origine cette fois dans son rôle de travailleuse sociale.


Sa participation au festival, en tout cas, restera marquante pour la nouvelle auteure, qui voit sa participation comme un « honneur » et « ressort de l’évènement inspirée et motivée à poursuivre son travail ».


La conclusion de la table ronde est revenue à son animatrice, Amber Henry, qui clôt la discussion de la meilleure des manières : « Écrivez sur un sujet que vous aimez. »

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