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Doses de rappel contre la COVID : les TNO agissent

Le gouvernement territorial prend le taureau par les cornes et devance les directives nationales en offrant des doses de rappel ou des troisièmes doses du vaccin contre la COVID-19 à davantage de citoyens.

Depuis cette semaine, une dose de rappel du vaccin contre la COVID-19 est offerte à tous les Ténois âgés de 50 ans, et plus habitant dans une petite collectivité, et à ceux de 60 ans, et plus résidant à Yellowknife, à Ndilo, à Dettah, à Hay River, etc.. Cette consigne, venant du bureau de l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Kami Kandola, devance les recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI).


Ce comité, qui fournit au gouvernement du Canada des directives sur l’utilisation des vaccins, ne conseille pour le moment une dose de rappel qu’aux résidents en établissements de soins de longue durée ou aux ainés vivant dans des milieux de vie collectifs.


Les critères pour obtenir une dose de rappel et une troisième dose de vaccin contre la COVID-19 sont plus ouverts aux TNO qu’ailleurs au Canada. (Crédit photo : Marie-Soleil Desautels)


Il faut d’abord noter qu’une dose de rappel, dite « booster dose » en anglais, n’est pas la même chose qu’une dose supplémentaire que l’on identifie habituellement comme la « troisième dose ». Une dose de rappel contient moins de vaccin qu’une dose supplémentaire complète.


En ce moment, le CCNI recommande une dose supplémentaire d’un vaccin autorisé contre la COVID-19 à ARN messager seulement aux « personnes modérément à sévèrement immunodéprimées ».


Encore là, les Territoires du Nord-Ouest font bande à part : une troisième dose d’un vaccin est certes offerte depuis le 16 septembre aux personnes gravement immunodéprimées, mais également aux travailleurs essentiels de première ligne à Yellowknife et à Behchoko` et, depuis le 1er octobre, aux résidents âgés de 75 ans et plus de Yellowknife, Ndilo, Dettah et Behchoko`. Les résidents des établissements de soins de longue durée ont droit à une troisième dose depuis le 24 aout, près d’un mois avant que le CCNI ne propose une dose de rappel.


Vigilance

La façon dont a été administré le vaccin Moderna distingue les TNO d’ailleurs au pays, note Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal et expert en virologie, ce qui influence probablement l’approche de la santé publique.

Clinique de vaccination à Yellowknife

(Crédit photo : Marie-Soleil Desautels)


La vaccination des Ténois a débuté tôt, dès le 31 décembre 2020, et en général, en respectant le protocole standard qui suggérait un délai de 28 à 42 jours entre les deux doses, explique-t-il. Ce délai a été allongé ailleurs ; le Québec, par exemple, l’a étendu jusqu’à quatre mois. « Or, de plus en plus d’études démontrent que ce délai est plus bénéfique pour la protection conférée par les vaccins », affirme le professeur.


Les études tendent aussi à établir que la réponse immunitaire des personnes vaccinées diminue légèrement avec le temps. « La meilleure approche consiste à être extrêmement vigilant et à observer les tendances », dit Benoit Barbeau. « Le variant Delta, qui est plus transmissible, a complètement changé la donne, rappelle-t-il. Les cas d’infection vont augmenter aux TNO, la protection va être moindre, mais elle demeure pour les symptômes les plus sérieux, ce qui est toujours une excellente nouvelle. »


Dans sa mise à jour quotidienne du 18 octobre, le Secrétariat de coordination pour la COVID-19 rapportait que « 67 % des personnes hospitalisées n’étaient pas entièrement vaccinées ». Environ 30 % des personnes hospitalisées sont ainsi pleinement vaccinées tandis que près de 90 % de la population éligible aux TNO l’est. « La protection est quand même relativement très bonne quand on regarde le taux d’hospitalisation chez les vaccinés », affirme le professeur.


Le vaccin Moderna, administré à la majorité des adultes ténois, semble être celui qui perd le moins son efficacité et qui offre la meilleure protection contre le variant Delta, responsable de l’éclosion territoriale actuelle. Les températures froides, qui arrivent tôt aux Territoires du Nord-Ouest, ne sont pas sans lien avec l’éclosion, croit d’ailleurs Benoit Barbeau. « Les gens ont commencé à se rassembler davantage à l’intérieur et le variant se transmet », dit-il. Il s’attend à un scénario similaire dans les autres provinces.


« Il y a encore beaucoup d’inconnues, poursuit l’expert en virologie. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, on en viendra à établir si une dose de rappel devrait être distribuée à l’ensemble des Canadiens, mais de l’offrir aux plus vulnérables est compréhensible. »


Une protection au prix de l’équité

En attendant, la Dre Kami Kandola s’inspire d’endroits comme Israël, où la vaccination a été donnée dans des conditions similaires. Le pays a commencé à administrer une dose de rappel aux 60 ans et plus dès juillet dernier. D’après une étude publiée le 15 septembre, les risques de maladies sévères diminueraient de près de 20 % chez ce groupe de personnes. Selon Susan Ellenberg, une biostatisticienne de l’Université de Pennsylvanie interviewée par la revue Nature, ces résultats suggèrent que, malgré les biais méthodologiques, « la dose de rappel offre une certaine protection, au moins à court terme ».



Les TNO ne sont pas la seule juridiction canadienne à accroitre la disponibilité des doses de rappel afin d’augmenter la protection de leurs citoyens. L’Alberta offre des doses de rappel à ses résidents de 75 ans et plus et aux Autochtones de 65 ans et plus depuis le 6 octobre. Le Manitoba l’offre, entre autres, à ses travailleurs de la santé.

(Crédit photo : Batiste Foisy/ archives L’Aquilon)


Chez nos voisins américains, par contre, la Food and Drug Administration n’a autorisé jusqu’à présent que les doses de rappel du vaccin de Pfizer-BioNTech. « Plus de données sur l’efficacité et l’innocuité des doses de rappel du vaccin Moderna et J & J/Janssen sont attendues bientôt », écrivent les Centres de lutte et de prévention contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays. D’ici là, le Pfizer est offert en rappel aux Américains âgés de 65 ans et plus et à ceux de plus de 18 ans qui vivent dans des centres de soins de longue durée, qui ont des problèmes médicaux ou à tous ceux qui œuvrent dans un milieu à risque – des infirmières aux commis d’épicerie, en passant par les travailleurs manufacturiers.


L’Organisation mondiale de la santé, pour sa part, continue à demander aux pays riches de limiter grandement les doses de rappel et de ne pas les offrir à tous afin que les fioles soient envoyées là où de larges portions de population n’ont pas encore eu de première dose. « Les preuves demeurent limitées et non concluantes quant au besoin généralisé d’une dose de rappel », écrit l’OMS, pour qui ces doses « risquent d’exacerber les inégalités d’accès au vaccin » et de « miner le principe d’équité nationale et globale ».


Si le bureau de la Dre Kami Kandola n’a pas encore suggéré une dose de rappel à l’ensemble des Ténois, la ministre de la Santé Julie Green a affirmé le 10 octobre dernier, en entrevue télévisée à la CBC, que son gouvernement prévoit les administrer au reste de la population, par étape, comme les vaccins initiaux l’ont été.


Selon le Comité consultatif national de l’immunisation, « il n’existe actuellement aucune donnée probante sur la nécessité de doses de rappel du vaccin contre la COVID-19 une fois la série de vaccins terminée dans la population générale. »

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