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Et les francophones hors Québec ?

Les organismes de la francophonie en contexte minoritaire font le maximum pour que leurs enjeux ne soient pas oubliés lors de la campagne électorale fédérale.


L’économie, la pandémie, les soins de santé et l’environnement figurent parmi les enjeux prioritaires des élections fédérales de 2021. Mais la francophonie est aussi importante, plaide la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA). Plus d’un million de francophones vivent hors Québec et celle-ci emploie tous les moyens pour que les partis fédéraux ne les oublient pas.


La FCFA a mis sur pied, fin aout, un site web intitulé « monvotefrancophone.ca » pour informer des plus importants enjeux et pour que le public puisse contacter facilement les candidats. Elle a retenu deux priorités, soit la modernisation de la Loi sur les langues officielles et un plan de relance pour la francophonie. Elle a analysé les engagements des partis en fonction de celles-ci, et publié les résultats sur son site web (voir tableaux ci-contre).


« On a voulu donner le maximum d’informations pour que les francophones puissent voir quel parti répond le mieux à leurs aspirations », dit Liane Roy, la présidente de la FCFA. La Fédération, un organisme qui se dit non-partisan, a aussi regroupé sur ce site web la voix d’organisations francophones sur des enjeux touchant les ainés, la culture, les écoles, les femmes, la jeunesse et les parents.


Malgré tous les enjeux, dont le plan de relance pour la francophonie qui vise à rétablir la vitalité des communautés francophones fragilisées par la pandémie, la modernisation de la Loi sur les langues officielles retient énormément d’attention. Le projet de loi C-32, déposé en juin par la ministre fédérale responsable des Langues officielles, Mélanie Joly, est devenu caduc avec la prorogation du Parlement. « C’est la première fois qu’il y a une campagne électorale avec un tel projet de loi mort au feuilleton », rappelle François Larocque, professeur et titulaire de la Chaire de recherche Droits et enjeux linguistiques de l’Université d’Ottawa. « L’enjeu n’a pas le choix d’être soulevé et ça sert de point de départ pour des discussions », dit-il.


Dès les premières rumeurs d’élections fédérales, la FCFA a d’ailleurs commencé à travailler avec les rédacteurs des plateformes des partis pour qu’ils comprennent ses besoins et priorités, dit sa présidente Liane Roy. « Certains partis ont plus reflété nos demandes dans leur plateforme que d’autres », ajoute-t-elle.


Ça semble être le cas du Parti conservateur du Canada (PCC), selon le professeur François Larocque. « Les conservateurs ont vraiment fait leur devoir. Ils proposent une vision qui part du projet de loi C-32, mais qui le modifie, en tenant compte des revendications de la FCFA », dit-il.


Mais s’il y a des gains, il y a aussi des pertes. Par exemple, le PCC prévoit enlever le morceau du projet de loi C-32 qui « propose de légiférer sur les conditions de travail des employés dans les entreprises privées de compétence fédérale dans les régions à haute présence francophone », rappelle le professeur Larocque, qui est aussi avocat. Les conservateurs proposent plutôt d’appliquer la Charte de la langue française aux entreprises sous règlementation fédérale au Québec. « Ça ferait plaisir aux Québécois, dit-il, mais les employés de ce type d’entreprises hors Québec n’auraient pas les mêmes droits linguistiques, ce qui serait une perte. »


Si l’ensemble des partis s’est engagé à moderniser la Loi sur les langues officielles, les libéraux et les conservateurs ont promis de déposer un projet de loi dans les 100 premiers jours de leur mandat. Si on se fie aux sondages et aux promesses, le nouveau projet de loi serait ainsi déposé début 2022.


La FCFA a produit une analyse comparative des plateformes des partis en ce qui a trait à la francophonie et aux langues officielles, dont voici les résultats.



Et il y a d’autres promesses pour soutenir la francophonie, comme le financement des établissements d’enseignement postsecondaire dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Dans leur plateforme électorale, les libéraux promettent de le « faire passer à 80 millions de dollars par année, et ce, de façon permanente ». Les conservateurs, eux, s’engagent à « créer une nouvelle enveloppe budgétaire de 30 millions de dollars par année ». Le Nouveau Parti démocratique n’a rien mis dans sa plateforme sur ce financement spécifiquement, tandis que le Parti vert du Canada écrit s’engager à « assurer un financement permanent et stable » sans avancer de chiffres.


« Mais tout ça, ça demeure des promesses électorales. Les partis disent plein de choses pour se faire élire », rappelle le professeur François Larocque. Le plus important, selon lui, est que les deux partis qui ont le plus de chances de gouverner ont « des visions très claires et fortes » pour moderniser la Loi sur les langues officielles. « C’est très encourageant en tant que francophone qui vit en situation minoritaire, en tant que Franco-ontarien et en tant que chercheur et avocat qui exerce en droits linguistiques », dit-il.

Des tables rondes pour les candidats

Parmi les initiatives de la Fédération des communautés francophones et acadienne pour s’assurer que les candidats connaissent des enjeux des communautés francophones en situation minoritaire figure l’organisation d’une quinzaine de tables rondes dans cinq régions du Canada. Les candidats libéraux, conservateurs et néodémocrates de l’Ouest, du Nord, de l’Atlantique, de l’Ontario, ainsi que du Québec, ont été invités à participer à des tables rondes séparées avec des représentants régionaux de la francophonie, membres de la FCFA.

C’est la première fois que la Fédération organise autant de tables rondes qui permettent « des discussions plus approfondies », dit sa présidente Liane Roy. « On voulait s’assurer que les candidats sachent qu’il existe des communautés francophones hors Québec et qu’ils prennent conscience de leurs divers défis », dit-elle. Certains candidats « ne savent pas grand-chose des communautés francophones minoritaires », ajoute-t-elle. Si la modernisation de la Loi sur les langues officielles a été abordée, il y avait beaucoup d’espace pour d’autres enjeux, assure la présidente.

La Fédération franco-ténoise et l’Association franco-yukonaise ont participé à deux tables rondes organisées pour le Nord, l’une avec les candidats libéraux (Michael McLeod aux TNO et Brendan Hanley au Yukon) et l’autre avec les candidats néodémocrates (Kelvin Kotchilea aux TNO et Lisa Vollans-Leduc au Yukon). Les candidats conservateurs et ceux du Nunavut n’ont pas répondu à l’appel de la FCFA ou n’étaient pas disponibles, précise Liane Roy.


« Dans certaines régions, plusieurs candidats ont participé, d’autres moins, dit la présidente de la FCFA. Ce n’est pas tant le nombre qui compte. Ce qu’on veut, c’est sensibiliser les candidats qui, élus ou non, demeurent des alliés qui connaissent nos associations membres. »

La FCFA a produit une analyse comparative des plateformes des partis en ce qui a trait à la francophonie et aux langues officielles, dont voici les résultats.

La directrice générale de la Fédération franco-ténoise, Linda Bussey, juge que « ça n’a pas été un gros succès pour recruter les candidats du Nord » et ne s’étonne pas de l’absence de la candidate parachutée du Parti conservateur, Lea Mollison. Si Mme Bussey dit avoir déjà

« beaucoup » travaillé avec Michael McLeod, député libéral pour les Territoires depuis 2015 et qui se présente à nouveau, elle affirme avoir « initié » le candidat néodémocrate Kelvin Kotchilea aux enjeux qui préoccupent sa fédération, dont les besoins en petite enfance ou le centre communautaire. « Il apprend beaucoup sur la francophonie et j’ai senti un grand intérêt de sa part. À la suite de la table ronde, on a convenu de se rencontrer pour discuter davantage des problèmes d’accès aux soins de santé pour les francophones », ajoute-t-elle.


La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne estime que les retombées des tables rondes sont positives. « Les candidats étaient contents d’avoir cette opportunité de mieux comprendre la réalité des régions, de pouvoir poser des questions et de réaliser que les défis, comme la pénurie de main-d’œuvre, ne sont pas les mêmes selon qu’on les aborde avec une lentille francophone ou anglophone », dit-elle.


« Les candidats représentent toute la population d’une région, rappelle-t-elle, et ils doivent être conscients des réalités particulières de chacune. »

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