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Il était une fois la Loi sur les langues officielles

Depuis 35 ans, L’Aquilon couvre les enjeux majeurs de la communauté francophone. Parmi ceux-ci, l’un des sujets les plus commentés dans ses précédentes éditions est celui de l’application de la Loi sur les Langues officielles aux Territoires du Nord-Ouest. De février à décembre 1986, l’ensemble de ses parutions ont traité de l’application de la Loi et de la mise en place de services en français aux TNO.


Marine Lobrieau


C’est en 1984 que l’Assemblée législative des TNO s’inspire de la loi fédérale et adopte sa première version de la Loi sur les Langues officielles. Elle vise à reconnaitre officiellement l’égalité des droits pour le français, l’anglais et les langues autochtones en usage aux TNO. Elle légifère ainsi sur leurs statuts et lutte pour l’égalité d’accès aux programmes et aux services gouvernementaux. Pour la communauté francophone, l’objectif est de « faire du français et de l’anglais des langues égales en statuts, lois et privilèges ». Pour cet évènement symbolique, les Franco-Ténois se mobilisent une nouvelle fois en 1988 : c’est le moment de « la Grande Tournée, les retrouvailles ».

Sujet complexe

Le comité de recherche composé de Franco-Ténois se réunit pour déterminer les enjeux et les services nécessaires pour vivre en français aux Territoires du Nord-Ouest. Le comité entend saisir « cette opportunité unique pour tous et toutes de parler de nos situations, de se rappeler des moments communs à notre histoire, de souligner le besoin qu’on peut trouver en chaque Franco-Ténois de cultiver sa langue et sa culture propres et d’établir ensemble les moyens pour y arriver », écrit le comité de recherche composé de trois personnes. L’équipe s’active et part à la rencontre de la communauté pour lister les besoins et les enjeux pour l’application de la Loi.


Sujet passionnant, mais néanmoins complexe. En 1989, L’Aquilon accompagne ses lecteurs dans la compréhension de cette nouvelle législation et publie un cahier spécial à ce sujet préparé par l’Association de la presse francophone. Au même moment, les premiers écriteaux (english/français) font leur apparition au Canada, et « partout au pays la minorité francophone revendique ses droits et exige de plus en plus de services », commente le journaliste Wilfried Roussel.


Malgré la mobilisation, l’application de la Loi accuse un retard d’un an avant de se confronter à un gouvernement non préparé à l’application des recommandations. La Loi entre finalement en vigueur en 1992, six ans plus tard que prévu. On crée cette même année le poste de Commissaire aux Langues qui a pour mission de veiller à l’application de la Loi et à la représentation effective des services dans les langues visées. Betty Harnum est la première à occuper ce poste, une première au Canada.


Et depuis ?

L’Aquilon assure la couverture de ce sujet des décennies après l’entrée en vigueur de la Loi. Souvent critiquée, la Loi est remise en question. Malgré ces critiques, les recommandations des différentes communautés linguistiques et des institutions ne sont pas prises en considération. Bien souvent, la Loi sur les Langues officielles traverse les décennies sans subir de changements. Actuellement, onze langues officielles sont reconnues aux Territoires du Nord-Ouest : l’anglais, le français, le chipewyan, le cri, l’esclave du Nord, l’esclave du Sud, le gwich’in, l’inuinnaqtun, l’inuktitut, l’inuvialuktun et le tli?cho.


Le Secrétariat aux affaires francophones ouvre en avril 2012. Il a pour mission de formuler des recommandations linguistiques auprès du gouvernement ténois et d’assurer un lien entre l’entité étatique et la communauté francophone. Une meilleure représentativité est ainsi visée. Lors de l’inauguration, le nouveau directeur du Secrétariat aux affaires francophones, Benoît Boutin, rappelle que son équipe aura besoin de l’appui de la communauté francophone et de la collaboration de tous les ministères pour remplir sa mission. Le président de la Fédération franco-ténoise, Richard Létourneau, met en valeur le travail accompli par la francophonie ténoise au cours des dernières années. « Je me dois de souligner aujourd’hui les efforts des bénévoles, des militants, des employés, du journal L’Aquilon, de la Fédération franco-ténoise. Sans eux, sans leurs efforts, nous n’en serions pas là aujourd’hui, devant un accomplissement comme celui-là. »


Dans un article datant de 2020, le journaliste Thomas Ethier discute de l’application de la Loi et des services en français avec la commissaire aux langues, Shannon Gulberg. La commissaire convient que « le Secrétariat aux affaires francophones a mis en place un matériel de grande qualité pour l’offre de service » en français. En revanche, les limites de la Loi sont plus difficiles pour les langues autochtones. Certains députés estiment que les francophones bénéficient de plus de droits que les locuteurs de langue autochtones. « On ne peut garder une législation qui place ces langues au second plan », affirme la commissaire. Au même moment, le député de Yellowknife Nord, Rylund Johnson déclare que « la communauté francophone est particulièrement au fait de ses droits, et aura plus volontiers recours aux tribunaux pour les faire valoir ». Une déclaration qui met une fois encore en lumière la combattivité des Franco-Ténois pour la reconnaissance de leurs droits à vivre en français aux Territoires du Nord-Ouest.

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