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L’année 2020 vue par la mairesse de Yellowknife

Comment vit-on une pandémie mondiale lorsqu’on est à la tête de la capitale d’un territoire canadien ?


Thomas Ethier — IJL — Territoire


Écoutez l'entrevue complète avec la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty.



La pandémie a frappé la terre entière, mais se vit bien différemment d’une région à l’autre. Entre les hautes instances gouvernementales et la population, nos élus municipaux doivent s’assurer que les grandes décisions correspondent aux besoins de leurs concitoyens. Nous en avons discuté avec la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty, qui aura été aux premières loges des perturbations vécues dans sa ville natale au cours de l’année 2020


Q - Revenons un peu en arrière, en mars 2020. La pandémie frappe alors le pays et la santé publique impose un confinement à travers le territoire. Comment l’avez-vous vécu à l’hôtel de ville ?


Rebecca Alty - L’hiver 2020 me semble tellement loin. Nous avons accueilli le Jour du hockey au Canada en février, et j’ai pourtant l’impression que ça fait des années, tellement tout était alors différent. En mars, nous avons subitement dû fermer presque tous les services publics et plusieurs entreprises ont dû faire de même. Nous ne pouvions pas visiter nos amis. C’était difficile pour tout le monde.


On craignait par-dessus tout l’ampleur de cette pandémie sur la santé des résidents, mais aussi sur notre économie. On ne savait pas combien de temps les entreprises devaient rester fermées. Nous avions tellement de questions et chaque jour, on se levait avec de nouveaux éléments d’information. Nous avons appris énormément de choses en matière de santé publique et je crois que beaucoup de choses vont changer de façon permanente dans le futur.



Q - Vous connaissez très bien Yellowknife, pour y avoir grandi, et êtes certainement en mesure d’y observer les effets de la pandémie. En vous promenant dans les rues en 2020, qu’est-ce qui vous a le plus frappé ?


R. A. - Les gens se sont approprié la municipalité autrement. Des résidents ont construit de grandes patinoires sur les lacs, une chose qu’on voyait peu auparavant. Au fil de mes discussions, je réalise qu’ils mettent davantage d’énergie sur ce genre de projets, faute, par exemple, de pouvoir voyager ou se rassembler à l’intérieur. Les gens se tournent vers un espace qui est moins structuré. Ils vont faire davantage de plein air plutôt, par exemple, que de suivre un horaire d’activités parascolaires plus rigide. Je crois que c’est une bonne chose, les gens voient leur municipalité autrement. Il y a énormément de choses à explorer à Yellowknife.



Q - En tant que mairesse, vous représentez quelque 20 000 résidents, et vous avez notamment porté certaines voix dissidentes face aux décisions du gouvernement TNO entourant la gestion de la pandémie. Comment se sont déroulées vos relations avec le gouvernement de Caroline Cochrane en 2020 ?


R. A. - Le gouvernement des TNO, le gouvernement fédéral, les municipalités et les collectivités ont travaillé très fort pour protéger la santé des résidents, et s’assurer qu’ils aient l’argent nécessaire pour se loger et se nourrir. Ceci dit, nous devons nous assurer que certaines questions difficiles soient posées, et plaider pour certains changements lorsqu’ils sont jugés nécessaires.


Par exemple, après avoir consulté les collectivités et les municipalités, le gouvernement territorial a décidé de ne plus payer les séjours en centres d’auto-isolement aux résidents qui revenaient d’un voyage non essentiel. Environ 40 millions de dollars auraient potentiellement été dépensés par les contribuables aux profits des hôtels désignés, alors qu’il y a toujours des problèmes criants de logements aux TNO, et plusieurs personnes sans-abris. Il est important d’exiger des comptes, et de ne pas oublier les autres responsabilités du gouvernement.



Q - Vous êtes vice-présidente de l’association des communautés, qui regroupe les municipalités et collectivités des TNO. À quel point le gouvernement des TNO a-t-il consulté les élus pour prendre ses décisions ?


R. A. -Au tout début de la pandémie, il n’y avait pas vraiment de consultations. Je crois que c’est normal, dans une certaine mesure, puisqu’il s’agissait d’enjeux de santé publique. Vers la fin du mois d’avril, le gouvernement a commencé à tous nous consulter davantage quant aux décisions liées aux finances publiques.


Nous avons eu des réunions sur une base régulière, au rythme des nouvelles informations ou avant les annonces importantes. Les élus doivent être au fait des nouveaux développements, pour être en mesure de répondre aux questions de leurs concitoyens. Ce l’est d’autant plus pour les petites collectivités, où les résidents ont une relation très étroite avec leurs élus, et se fient à eux pour avoir des réponses.


Q - Pour les municipalités du Nord canadien, attirer et garder les résidents représente un défi. Craignez-vous que les perturbations de 2020 puissent provoquer un certain exode ?


R. A. - J’ai effectivement vu des gens partir cette année pour se rapprocher de leur famille ailleurs au Canada. D’un autre côté, plusieurs personnes se disent choyées d’être aux TNO en ce moment, puisque nous n’avons été que très peu affectés, en comparaison au reste du pays. Il y a deux côtés à cette médaille.


Nous constaterons les impacts au cours des prochaines années. Mais d’autres défis s’imposent, au-delà de la COVID-19. Nous appréhendons également la fermeture des mines de diamants du territoire dans un avenir rapproché. Les prochaines années seront peut-être difficiles, et nous devrons travailler fort pour nous assurer que notre économie suive son cours.

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