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La chasse aux aurores a commencé

La nuit revient et la saison des aurores boréales commence aux TNO. Les passionnés parlent d’émerveillement et de connexion au cosmos.


L’été est à son dernier quart. Les chasseurs et les chasseuses d’aurores se pressent, les un.e.s de sortir leur matériel, les autres de simplement sortir observer le retour de ce phénomène naturel. C’est le début d’une nouvelle saison.


Nous nous rapprochons de plus en plus du maximum du cycle solaire, prévue pour 2024. Chaque cycle solaire dure onze années, pendant lesquelles l’intensité du champ magnétique du Soleil et le nombre de taches à sa surface varient. « Cela signifie que la façon dont le Soleil projette de la matière dans le système solaire change au fil du temps », explique le physicien spatial et professeur à l’Université de Calgary, Eric Donovan.


Le scientifique, qui est l’un des principaux experts des aurores boréales au Canada, rappelle que « Yellowknife est vraiment au cœur de l’ovale auroral » et que, « au maximum ou au minimum solaire, on peut voir les aurores à Yellowknife presque chaque nuit ». Cependant, maintenant, au fur et à mesure qu’on s’approche du maximum solaire, « les spectacles deviennent plus grands, plus dynamiques et plus durables ».


Le physicien de l’espace utilise une analogie pour décrire la différence entre le minimum et le maximum de chaque cycle : « C’est comme comparer des ondulations sur un étang à des raz-de-marée. Les deux sont intéressants, l’un subtil, l’autre dramatique. Les deux sont beaux. » Eric Donovan admet préférer les aurores du minimum « pour leurs délicates beautés artistiques », bien qu’il apprécie les aurores du maximum solaire « pour leurs capacités à éblouir les gens ».


Oui, c’est une évidence : les gens aiment les aurores boréales grandes, fortes, intenses et dynamiques. L’arrivée du maximum solaire est donc une bonne nouvelle pour les passionnés, notamment pour ceux qui y consacrent une partie de leur vie et qui sont souvent aux aguets, les yeux rivés sur le ciel. Ce sont les chasseurs d’aurores. Mais que recherchent-ils ? L’émerveillement ?

(Crédit photos : Cristiano Pereira)

Connexion

Ralph Waldo Emerson disait que « [l]e ciel est le pain quotidien des yeux » et aux TNO on comprend pourquoi. « Après quelques années à observer les aurores boréales, j’utilise toujours le même terme : majestueux », déclare James Pugsley, président d’Astronomy North, une société à but non lucratif dédiée à l’éducation et à la sensibilisation au ciel nordique. « Les Ténois y sont habitués, et nous oublions parfois à quel point cela crée un sentiment d’euphorie », marque M. Pugsley.


Les TNO sont un coin du monde propice à la contemplation des cieux et un lieu de délices pour les amoureux de la photographie. Martin Male, l’un des photographes les plus connus de Yellowknife, a commencé à pointer son appareil photo vers le ciel il y a 20 ans à Inuvik. Il a déjà pris « plus de 100 000 » photographies d’aurores. Aujourd’hui, il ne sort que les nuits d’activité aurorale intense. « Mais je suis toujours ébloui devant un grand spectacle. C’est excitant, oui, mais en même temps apaisant. »


L’émerveillement n’est pas exclusif aux photographes. Le président d’Astronomy North souligne que les gens « n’ont pas besoin de beaucoup de matériel ni d’une tonne d’expérience pour se laisser envouter ». « Tout ce dont on a besoin, assure-t-il, c’est de poser son téléphone, éteindre l’ordinateur, sauter dans un véhicule, s’éloigner des lumières de la ville et de lever les yeux. »


C’est exactement ce qu’a fait Raymond Macdonald, récemment converti aux charmes du ciel ténois. Originaire de la Jamaïque, il vit au Canada depuis 2013, mais n’est arrivé à Yellowknife avec sa famille qu’au printemps 2021. Quelques mois plus tard, il était tranquille chez lui en train de regarder un écran quand « quelqu’un a posté sur la page Facebook Yellowknife Aurora Trackers qu’il y avait des aurores ». Il a haussé les sourcils et a sauté du canapé. « Alors j’ai décidé de sortir tout seul », raconte-t-il.


Raymond est monté dans la voiture et s’est rendu à une aire de repos sur la route Ingraham, juste à l’extérieur de la ville. « Ce que j’ai vu dans le ciel était absolument stupéfiant. Tout le ciel a été englouti par l’aurore. Je n’avais pas de mots. C’était comme établir une connexion spirituelle avec le Créateur ».


« Quand tu as vécu un orage magnétique tu ne veux pas en manquer d’autres et ça nous ramène un peu a dire que, oui, on est là, mais on n’est pas grand-chose non plus. C’est tellement vaste et puissant comme phénomène », estime Dominic Cantin, l’administrateur et principal promoteur du groupe Facebook « Alerte aux aurores boréales », la plus dynamique communauté en ligne francophone dédiée au sujet.


Presque tous les jours, Dominic suit l’activité solaire et présente les prévisions de la météo spatiale. Il explique les informations des données satellitaires, souvent complexes, et transmet un message que tout le monde peut comprendre : si les prochaines heures sont propices à sortir et à essayer de voir ces lumières au ciel.


Le dévouement désintéressé de Dominic Cantin a déjà aidé de nombreuses personnes à réaliser leur rêve de voir des aurores boréales pour la première fois. Le groupe compte 8 800 membres – pour la plupart des Canadiens francophones – et il continue de grandir. « Les gens cherchent à se reconnecter avec la nature », dit-il. « Aujourd’hui, avec le train de vie, où tout se passe vite, on ne prend pas le temps d’apprécier ce qui est autour de nous, et d’aller voir des aurores ça nous reconnecte un peu. »

Plus grand que nous

L’idée est confirmée par d’autres. Armelle Troussard, une Française chasseuse d’aurores boréales qui a passé plus d’une centaine de nuits à photographier le ciel des TNO, commente : « On se sentait connecté avec la grandeur de la nature. » La photographe ajoute, par contre, que « souvent une photo ne représente pas tout, car la photo montre juste un petit coin du ciel et quand on est entouré par une aurore boréale on se sent tout petit au milieu de cette immensité ».

Dominic Cantin, mentionne aussi que devant un orage magnétique « on peut passer par toutes sortes d’émotions » et que parfois « ça dépasse l’entendement ». Raymond Macdonald souligne aussi la large palette d’émotions « difficiles à décrire » qu’il ressent lorsqu’il voit les aurores boréales de Yellowknife. « Parfois, j’ai des larmes de joie lorsque je ressens un lien avec quelqu’un de cher qui est passé dans le monde des esprits. ».


Autrement dit, se retrouver loin de la fébrilité de la ville et à l’écart de la jungle urbaine pour retrouver un ciel qui explose en couleurs, ça a l’air d’être beaucoup plus qu’une expérience d’appréciation esthétique.

Le président d’Astronomy Norh, James Pugsley, considère que la chasse aux aurores « est vraiment une combinaison de mystère, de science et de lien humains avec l’univers ». Eric Donovan, physicien de l’espace, étudie les aurores depuis des décennies et croit aussi que ceux qui chassent les lumières cherchent à « se connecter avec la planète et le cosmos ». « Et il y a des risques, ajoute-t-il. Je suis sorti avec les Alberta Aurora Chasers et j’ai trouvé assez incroyable la façon dont les gens partent à 2 heures du matin tout seuls pour aller installer une caméra au milieu de nulle part. Mais je sais à quoi ils essaient de se connecter : c’est à quelque chose de beaucoup plus grand que nous. »

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