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Le hip-hop comme remède au blues

C’est de l’obscurité qu’est né le nouvel album d'un trio hip-hop de Yellowknife, qui s’est donné comme mission de dépeindre les afflictions du Nord, pour mieux les attaquer.

Laisser entrer la lumière. Le rapeur Kid Gali, alias Bryan Tuyishime, veut redonner de l’espoir aux gens. (Courtoisie Kid Gali/Instagram)


Thomas Ethier — IJL — Territoires

En huit pistes, l’album Moods (One North Recordings) décline les facettes d’une déprime dont le Nord a certainement le secret. Ajoutons à cela une certaine pandémie, qui aura eu le mérite d’inspirer les rapeurs Kid Gali, Northwyne et Beni Beats à produire, dans une ambiance soul, une prose de confrontation, pour éclater leurs couleurs dans l’obscurité ambiante.


« Je veux peindre une image et y raconter une histoire qui peut être écoutée par n’importe qui. Je veux porter les gens en dehors d’eux-mêmes et leur permettre de voyager loin de la pandémie, par exemple », résume Bryan Tuyishime, alias Kid Gali, pour parler de son œuvre. Un album en deux portraits créés avec ses acolytes de Yellowknife Bradley Cordero — Beni Beats — et Northwyne Remigio, qui fournit aussi le studio d’enregistrement.


« Les quatre premiers morceaux touchent des enjeux propres au Nord, et tournent beaucoup autour de la solitude, explique le jeune musicien. La pandémie nous rend encore plus seuls. Il n’y a pas grand-chose à faire et, forcément, on cherche à ressentir quelque chose. Bref, ce sont des pièces qui touchent à des thèmes de dépression et de tristesse. »


L’artiste évoque d’abord la pièce « Tears ». « C’est un morceau qui exprime la mélancolie, qui pointe le délire d’habiter dans le Nord. Northwyne commence la pièce avec les larmes aux yeux, dit qu’il se sent mort de l’intérieur, il exprime des sentiments de dépression. On touche beaucoup à la santé mentale, souligne Kid Gali, c’est un sujet délicat dans le Nord, mais c’est une réalité omniprésente. On doit briser le silence face aux problèmes de santé mentale. C’est ce qu’on essaie de faire avec notre musique. »


Par-delà la déprime

Comme annoncé, le changement de ton s’opère en deuxième partie. « Dans les quatre dernières pièces, on veut remonter le moral, parce qu’au fond, on sait qu’en fin de compte, les choses vont bien aller », poursuit Kid Gali. Remonter le moral, c’est d’ailleurs l’objectif premier de l’œuvre, entreprise à l’automne 2021 après la sortie du simple « Neverland ».



« Depuis la sortie de la chanson “Neverland”, on voulait sortir un album à temps pour le début de l’année 2021. On voulait remonter le moral des gens qui n’ont pas grand-chose à faire ces temps-ci. On voulait leur donner quelque chose à écouter », explique-t-il.


Né à Kigali, au Rwanda — qui aura en partie inspiré son nom de scène —, Kid Gali travaille aujourd’hui sur un morceau inspiré de sa propre expérience. « Je veux dépeindre la réalité d’un jeune immigrant, qui doit s’accoutumer à une nouvelle culture, et trouver son identité à travers tout ça », annonce le rapeur.


Une pièce en français pourrait aussi voir le jour, comme bien d’autres d’ailleurs, que le mélomane de naissance entend toujours produire avec Beni Beats et Northwyne Remigio. « La musique, c’est une excellente plateforme pour s’exprimer, pour s’attaquer à bien des problèmes, comme la santé mentale, ou toutes les injustices qu’on voit dans le Nord, comme partout dans le monde. L’important, c’est d’employer ses propres mots et ne pas laisser les autres altérer notre vision des choses. »

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