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Toujours la grève dans la capitale

La probabilité d’une grève municipale prolongée à Yellowknife semble s’accroitre : les négociations ont de nouveau avorté à cause des augmentations salariales.


(Crédit photo : Cristiano Pereira)


L’impasse s’étire entre la Ville de Yellowknife et ses employés en grève. Les parties ont été incapables de trouver une entente pour renouveler la convention collective, échue depuis le 31 décembre 2021, lors de la dernière ronde de négociations, ce lundi. Les pourparlers ont été interrompus vers 18 h et aucune autre date pour tenter de trouver un accord n’a été annoncée.


Au cœur du litige depuis le début : l’augmentation salariale annuelle de 2 % proposée par la Ville de Yellowknife. Le Syndicat des travailleurs du Nord, qui représente la majorité des employés, estime que c’est trop peu compte tenu de l’inflation qui a été de 7 % en 2022 dans la capitale. Et la Ville n’a pas bougé sur ce point lundi.


Cela dit, pour pallier l’inflation, la municipalité a offert de verser un montant forfaitaire aux employés à la signature de la convention collective. Selon cette proposition, dont la Ville a partagé les détails dans un communiqué lundi soir, chaque employé à temps plein recevrait 1500 $, ceux à temps partiel 750 $ et les employés occasionnels à temps partiel recevraient 250 $.


Selon Thomas Gagnon-van Leeuwen, commis à la bibliothèque publique de Yellowknife depuis septembre dernier qui fait partie du bureau de la section locale du Syndicat, la Ville a encore échoué. « On demande une hausse de salaire équitable pour faire ça à l’inflation record, pas un bonus de signature qui, en plus, divise les membres, car il est différent selon le statut à l’emploi », dit-il.


« La Ville nous a parlé de solutions créatives, mais elle ne bouge pas sur l’augmentation », se désole-t-il. En attendant, il fait du piquetage avec ses collègues, dans le froid glacial. Rappelons que les employés sont en grève depuis le 8 février et que la Ville a décrété un lockout quelques heures après.



(Crédit photo : Cristiano Pereira)


Pour la directrice municipale de Yellowknife, Sheila Bassi-Kellett, bien que la Ville ait maintenu le 2 % jusqu’à présent, elle la dit flexible sur d’autres points. « La compensation totale, c’est plus que le salaire. Ça inclut, énumère-t-elle, le régime de retraite, les indemnités de voyage et de logement, les vacances ou la prime d’ancienneté pour chaque cinq ans de service. » Dans le communiqué de la Ville, on peut lire, par exemple, que les indemnités de voyage sont actuellement de 5100 $ par année et celles pour le logement de 1400 $.


Sans vouloir discuter de ce qu’ils ont offert lundi, Sheila Bassi-Kellett affirme qu’il y a eu « plusieurs allers-retours » entre les équipes de négociation. « On tente de trouver une entente qui est équitable, respectueuse et abordable », assure-t-elle.


Le Syndicat des travailleurs du Nord et l’Alliance de la Fonction publique du Canada ont déclaré, dans un communiqué partagé mardi, que « l’équipe de négociation nous a dit qu’elle est plus près que jamais d’une entente », ce qui laisse supposer des avancées, mais qu’il « est inutile de revenir à la table » si l’employeur ne bouge pas sur les salaires.


Thomas Gagnon-van Leeuwen assure que le Syndicat a démontré de la flexibilité dans ses propres demandes, refusant par contre de partager des détails. « Contrairement à la Ville, on respecte le processus et on ne négocie pas en public ». Il affirme simplement que les employés « demandent moins que l’inflation de 7 % » et que, dans tous les cas, leur « pouvoir d’achat va diminuer. »


Mais qu’a-t-il à dire aux résidants qui subissent aussi l’inflation et craignent une hausse des taxes municipales ? « Je leur dirais de demander à la Ville ce qu’ils vont faire avec le surplus de 15,8 millions de l’an dernier et de celui de 8 millions l’année d’avant. Faire un budget, c’est faire des choix. »


La Ville de Yellowknife a en effet réalisé ces excédents de fonctionnement. Mais, selon la professeure Danielle Pilette de l’UQAM, spécialiste en gestion municipale, il est non seulement normal que les municipalités aient une marge de manœuvre, mais « un excédent de fonctionnement, ça ne sert pas pour des augmentations salariales, car c’est ponctuel. » Elle explique que ces montants sont d’habitude utilisés pour réparer des infrastructures, faire des pistes cyclables, faire face aux imprévus ou offrir plus de services. « Pour payer des augmentations de salaire, il faut des revenus plus élevés, continue-t-elle, que ça vienne des taxes des contribuables ou d’autres revenus anticipés. »

C’est ainsi que, selon la professeure Danielle Pilette, offrir un montant forfaitaire est « beaucoup plus habile, moins dangereux et plus avantageux pour la Ville et les contribuables ». Car celui-ci ne s’additionne pas, année après année. « Les augmentations salariales, c’est pour la vie », résume-t-elle. Elle ajoute que c’est surtout l’augmentation des valeurs foncières qui pourraient justifier une augmentation salariale, car la Ville tire alors plus de revenus avec le même taux de taxation.


Les parties ont été incapables de trouver une entente pour renouveler la convention collective, échue depuis le 31 décembre 2021, lors de la dernière ronde de négociations, ce lundi. (Crédit photo : Cristiano Pereira)


D’après la professeure, vu que les contribuables font actuellement face à une hausse de leur taux d’intérêt hypothécaire, il serait mal avisé qu’une augmentation de salaire des employés municipaux tire aussi les impôts fonciers vers le haut – les résidants de Yellowknife s’attendent d’ailleurs à une augmentation de 4,37 % en 2023. « La dernière chose que les propriétaires veulent, c’est d’avoir des taux de taxes municipales aussi galopants que les taux hypothécaires. Il ne faut pas les égorger. »


Elle ajoute que les « économistes recommandent aux employeurs de ne pas céder à des demandes salariales élevées à cause du taux d’inflation », car celui-ci devrait descendre.


L’histoire ne dit pas encore si la municipalité va céder ou non. Sheila Bassi-Kellett affirme que la Ville est prête à revenir à la table pour discuter. « Ça me peine de regarder par la fenêtre et de voir nos employés dehors dans ce froid. C’est très troublant. On espère trouver une entente rapidement. »


Thomas Gagnon-van Leeuwen, qui grelote dehors avec ses collègues, assure qu’ils sont tous « déterminés à être là aussi longtemps qu’il faudra », tout en ayant hâte de recommencer à servir ses concitoyens à la bibliothèque.

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