Un appel à la réflexion : l’AFCY remet en question les changements de la FFT
Le conseil d’administration de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY) a récemment exprimé publiquement ses inquiétudes concernant les modifications apportées à la structure de la membriété de la Fédération franco-ténoise. Selon l’AFCY, « ces changements effectués ont essentiellement modifié la FFT, la transformant d’une fédération d’organismes en une association d’individus ».
Cristiano Pereira – IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
Ces préoccupations ont été rendues publiques lors du forum communautaire organisé par la FFT à l’hôtel Explorer, à Yellowknife, au début du mois de novembre. À ce moment, la présidente du conseil d’administration de l’AFCY, Geneviève Charron, a demandé la parole et a informé la salle que son conseil d’administration avait écrit une lettre pour exprimer son mécontentement quant à la direction que la FFT donne à son mandat.
Médias ténois a obtenu une copie de la lettre à Mme Charron, expliquant que l’AFCY tient simplement à se positionner clairement face aux enjeux soulevés, car « nous sentons que la réflexion et le processus entamés par la FFT auront un impact important sur notre organisation ». La présidente du conseil d’administration a également exclu tout type de scénario de conflit ou de tension entre les deux organismes. « Soyez assurés que l’AFCY souhaite ultimement travailler de pair avec les autres organisations francophones du territoire, pour le mieux-être et la vitalité de notre communauté », a affirmé Mme Charron.
« À part un sondage rendu public une semaine avant votre assemblée générale annuelle, aucun effort concret n’a été fait pour consulter les membres historiques comme l’AFCY sur la question cruciale de la membriété de la FFT. Ce sondage, accessible à tous les citoyens, dilue en réalité la voix des membres institutionnels de longue date initialement fédérés par la FFT. Notre inquiétude est accentuée par la nature des questions soulevées dans le sondage et l’absence d’invitation au débat », peut-on lire dans la lettre.
Selon l’AFCY, « cette transformation significative n’a été accompagnée d’aucune révision ni de la dénomination ni des objectifs statutaires de la FFT ». Le conseil d’administration de l’association note que « ce modèle peut être pertinent dans d’autres contextes, mais il est discutable dans un contexte où existent déjà d’autres associations municipales ou territoriales, comme aux TNO. Nous considérons que cette transformation dilue l’impact et la raison d’être de l’AFCY au sein de la communauté dans laquelle elle évolue depuis près de 40 ans ».
Des objectifs confus
Ces changements engendreraient une confusion quant à l’objectif de la FFT, menaçant de rendre ses buts à long terme incohérents, observe l’AFCY : « Nous constatons que cette transformation induit un certain flou autour de la mission de la FFT et pourrait entrainer une incohérence dans les objectifs poursuivis à long terme. Le risque est que la FFT s’éloigne de ses véritables priorités, diminuant ainsi sa capacité à agir en tant que fédérateur des acteurs clés de la francophonie ténoise. »
La lettre continue en essayant de justifier ses inquiétudes face aux actions de la FFT. « Selon sa page Facebook, les deux actions politiques et publiques menées au cours des six derniers mois se limitent à relayer des appels à l’action d’organismes nationaux et à “accueillir favorablement la réponse du GTNO à l’Évaluation du plan stratégique sur les communications et les services en français 2018-2023”. En revanche, plus de 20 activités socioculturelles y sont répertoriées : atelier de jardinage, décoration de citrouilles, création de nœuds papillon, “healing touch”, ateliers sur la récupération, le compostage, etc. »
Du point de vue de l’association, cela est symptomatique d’une « transformation de la clientèle cible et des activités de la FFT » qui vient créer « une redondance avec celle de l’AFCY qui affaiblit sa raison d’être alors qu’elle peine déjà à stabiliser ses ressources malgré l’importance de son rôle ».
Les membres du conseil d’administration de l’association franco-culturelle de Yellowknife soulignent ainsi que la FFT « est censée être le porte-parole et le vecteur du développement global de la communauté franco-ténoise », mais que la réalité ne correspond pas à cela : « Nous observons qu’elle diverge de son propre mandat et de sa raison d’être pour prioriser le service aux particuliers dans la capitale, une communauté déjà largement servie par l’AFCY et d’autres acteurs de la francophonie ténoise. »
La lettre se termine par le conseil d’administration de l’AFCY exhortant la FFT « à reconsidérer les modifications structurelles » et à réaffirmer son mandat initial « qui consiste à fédérer, représenter, promouvoir et défendre la communauté francophone des TNO ».
Médias ténois a contacté la FFT pour obtenir une réaction à la lettre. Le conseil d’administration de la FFT va se positionner et envoyer une lettre à l’AFCY dans les prochains jours. Pour l’instant, la directrice générale, Audrey Fournier, a exprimé non seulement son intention d’engager un dialogue constructif, mais également sa reconnaissance pour l’intérêt de l’AFCY envers le processus de révision de la membriété. « Nous prenons note de leur position », a déclaré Mme Fournier.
La directrice générale de la FFT note que la recherche de solutions aux enjeux soulevés est prévue dans les prochains jours. De plus, Mme Fournier a souligné que, malgré les changements de structure, « le mandat de la FFT est demeuré et demeurera le même ».
« La défense des intérêts des Franco-Ténois et l’appui au développement et à la vitalité de la vie en français aux TNO demeure et demeurera au cœur de nos actions. Notre détermination à travailler comme leader et porte-parole, et à venir en appui aux organismes franco-ténois est claire et centrale à nos actions. Nous l’avons d’ailleurs récemment réitérée dans le plan de développement global. La recherche d’un nouveau modèle de membriété vise à assurer que la FFT soit connectée aux besoins des Franco-Ténois, qu’elle puisse pleinement jouer son rôle de porte-parole, et qu’elle puisse bénéficier d’une gouvernance dynamique », a ajouté la directrice de la Fédération franco-ténoise.