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Visite du pape : la Nation dénée s’est dite écartée des préparatifs

Le chef national déné Gerald Antoine était à Maskwacis, en Alberta, le lundi 25 juillet, pour entendre les excuses officielles présentées par le pape François à l’ensemble des victimes du système de pensionnats indiens du Canada.


Thomas Ethier, IJL – Réseau.presse – L’Aquilon


Quelques jours avant l’arrivée du pape, le chef de la Nation dénée, Gerald Antoine, a vertement condamné le processus de planification de la visite, déplorant que les organisations autochtones censées prendre part aux préparatifs en aient été écartées. Ce dernier a joint sa voix à celle de la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (AFN), RoseAnne Archibald, dans une lettre adressée au premier ministre Justin Trudeau.


« Les excuses attendues représentent potentiellement un moment monumental pour nous, et pourraient contribuer à nous aider à mettre cette douleur collective que nous partageons, derrière nous », soulignent les signataires, qui appellent les parties prenantes à « collaborer vers la voie de la guérison ».


Le pape a entamé, le 25 juillet, sur le site de l’ancien pensionnat Ermineskin, en Alberta, ce qu’il qualifie de « pèlerinage pénitentiel », en présentant des excuses officielles, au nom de l’Église catholique romaine, pour les conséquences « catastrophiques » du système de pensionnats pour autochtones déployé à travers le pays jusqu’aux années 1990.

Les délégations des Premières Nations, des Inuits et des Métis rencontraient déjà le Pape François au Vatican en mars 2022. Cette rencontre est une étape significative dans le processus de réconciliation avec l’Église catholique. (Crédit photo : Annett Klingner)


Par et pour l’Église

Or, les représentants canadiens de l’Église catholique romaine ont été pointés du doigt avant même l’arrivée du souverain pontife. Selon ce qu’on peut lire dans la lettre publiée sur le site Web de l’AFN, en regard des témoignages d’employés de l’APN et de la Nation dénée, les leadeurs de ces organisations estiment que la Conférence des évêques catholiques du Canada et la communauté ecclésiale se sont approprié l’essentiel des dispositions entourant cette visite historique, afin d’en tirer profit.


« Ce qui est devenu évident, c’est que cette visite et ces excuses ont évolué pour profiter aux paroissiens catholiques canadiens et à la communauté chrétienne mondiale, et ce, davantage pour poser des gestes de réparation et de réconciliation avec la communauté des Premières Nations qui a été blessée par des institutions d’assimilation et de génocide », lit-on dans la lettre.


Les cosignataires rapportent notamment que les employés de l’AFN et de la Nation dénée ont dû consulter le site Web du gouvernement canadien pour connaitre l’itinéraire de la délégation papale. « Nos employés nous ont signalé une tendance au mépris de la part des organisateurs de la visite papale, en ce qui concerne la planification et la prise de décision clé concernant l’itinéraire du pape », indique-t-on dans la lettre.


Les leadeurs se disent inquiets que les membres de leur communauté se retrouvent victimisés à nouveau dans ce processus unilatéral. « Il est regrettable qu’en tant que Première Nation, nous n’ayons pas été la force motrice dans la planification de cette visite d’État, bien que cette visite nous est destinée, en tant que premiers habitants de l’ile de la Tortue [nom donné par certaines Premières Nations au continent nord-américain] », déplorent les signataires.

Excuses officielles en terre autochtone

« Je suis désolé. Je vous demande pardon, spécialement pour la manière dont plusieurs membres de l’Église et des communautés religieuses ont coopéré à travers leur indifférence et leurs projets de destruction culturelle, pour forcer le projet d’assimilation mis de l’avant par les gouvernements de cette époque, le tout ayant culminé jusqu’au système des pensionnats », a déclaré le souverain pontife sur le site de l’ancien pensionnat de Maskwacis, le 25 juillet.


« Les effets généraux des politiques liées aux pensionnats sont catastrophiques, a-t-il reconnu. Ce que notre foi chrétienne nous dit, c’est qu’il s’agissait là d’une erreur désastreuse, incompatible avec l’évangile de Jésus Christ. Il est douloureux de penser à la façon dont le terreau fertile de valeurs, de langues et de cultures qui a formé l’identité authentique de vos peuples a été érodé, et que vous continuez à en payer le prix. »


« Face à ce démon déplorable, l’Église s’agenouille devant Dieu et implore son pardon, pour les péchés de ses enfants. Je souhaite moi-même le réaffirmer, avec honte, et sans ambigüité. Je demande humblement pardon pour le mal commis par tant de chrétiens contre les peuples autochtones », a-t-il réitéré.


Le pape a également exprimé la volonté pour l’Église d’agir au-delà des excuses. « Plusieurs d’entre vous et vos représentants ont déclaré que demander pardon n’était pas la fin du problème. Je suis entièrement d’accord, ce n’est que la première étape, le point de départ. À l’avenir, aucun effort ne doit être négligé pour instaurer une culture qui sera en mesure de prévenir de telles situations. »


Selon le pape, il importera pour l’Église de mener « une enquête sérieuse pour établir les faits de ce qui s’est passé, et pour accompagner les survivants et leur permettre de faire l’expérience de la guérison des traumatismes dont ils ont souffert. »


Ces excuses étaient attendues depuis longtemps par les membres des Premières Nations, les Métis et les Inuits du pays. Quelques représentants autochtones avaient déjà reçu une déclaration d’excuses dans le cadre d’une visite au Vatican, sous invitation du pape, en mars 2022.


Au moment d’écrire ces lignes, le 27 juillet, les organisations et gouvernements autochtones des Territoires du Nord-Ouest n’avaient pas encore formulé de commentaires à propos du discours du 25 juillet. Le pape François devait toujours se rendre au Nunavut, le 29 juillet, pour s’adresser aux fidèles et représentants inuits.

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